Maintenant je suis grande et c’est bien cela le problème, je dois jouer à l’adulte et affronter toute seule mes peurs du noir. D’ailleurs, je ne devrais même pas avoir peur, je devrais être grande et forte. Mais j’ai les entrailles qui se serrent et ça me terrorise, j’entends le surgissement des monstres et l’aboi triomphant de l’angoisse. Je n’aime pas quand c’est mon corps qui décide et que je ne comprends pas ce qui m’arrive, je me sens dépossédée de moi-même et soumise à une force que je ne contrôle pas. Personne pour me caresser les cheveux et m’arracher à la nuit. La rengaine de ces affres nocturnes m’épuise. Je me sens toute nue et fébrile. Les trous de la nuit font claquer mes dents.
Je me sens un peu trop vivante.